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Photo du rédacteurÔ Sainte Patronne

Vis ma vie de piqueuse en confection (Part 4)

La fin de l'expérience !


Voilà, mon stage en atelier de confection est terminé.

4 semaines épuisantes où j’ai été propulsée dans un monde très loin du mien et où j’ai appris plein de choses.


Bizarrement, moi qui adore la couture et qui la pratique depuis de très nombreuses années, je n’y ai pas retrouvé le plaisir de coudre. Cela ne venait pas tant du fait que je ne cousais pas pour moi mais plutôt du fait que tout y est tellement « décomposé » que je n’ai pas vraiment eu l’impression de coudre mais plutôt de réaliser des opérations techniques. J’en perdais la finalité qui pour moi en fait tout l’intérêt.


D’ailleurs, rares sont les ouvrières qui font de la couture « plaisir » en dehors de l’usine. Éventuellement elles font quelques retouches sur des vêtements.


4 semaines où j’ai surtout appris humainement.


J’ai touché du doigt le rythme du monde ouvrier, où chaque pause est décomptée du temps de travail et où quand on termine à 17h, c’est 17h, pas 16h59. Où le quart d’heure pris pour préparer le buffet de son propre pot de départ en retraite doit être récupéré la veille. 42 ans de travail et on ne fait pas cadeau de 15 minutes, même le dernier jour.


J’ai ressenti de l’injustice pour une profession hautement qualifiée et qui pour autant est payée au SMIC.


J’ai compris la révolte que peuvent ressentir ces ouvrières qui comptent pour acheter un nouveau manteau à leur enfant quand celui qu’elles ont cousu le même jour vaut presque une année de leur salaire.


Je me suis rendue compte que même en usine, on peut ramener ses « problèmes » à la maison.

Je ne vous cache pas que j’en ai rêvé de mes coutures pas droites, trop longues ou pas parfaitement alignées.


Enfin j’ai rencontré des personnalités : des grandes gueules, des timides, des méfiantes, des gentilles, d’autres moins, des bavardes et des taiseuses. Des révoltées et des résignées, des désillusionnées et d’autres encore pleines d’espoir.


J’ai entendu des histoires de famille et de voisinage que je n’entendais que dans les podcasts de Christophe Hondelatte.


J’ai enrichi mon vocabulaire, j’ai un peu moins soigné mon apparence.

J’ai fait des kilomètres, beaucoup de kilomètres.

J’ai écouté Alouette 8 h par jour et 10 fois par jour, Angèle, M Pokora, Gims & Sting, 3 cafés gourmands …..

Je n’ai pas trouvé l’objet mystère malgré les nombreux indices et je me suis rendue compte que le Schmilblick de Coluche n’avait pas pris une ride.


J’en ressors plus riche d’une expérience que peu d’entre nous auront la chance de vivre.


Je retourne lundi – non sans joie – sur les bancs de ma formation. Je vais reprendre un rythme moins usant et surtout reprendre plaisir à coudre.


Mon deuxième stage aura lieu au mois d’avril, et cette fois ci j’ai décidé de le faire chez un artisan.

Promis, je vous raconterai !

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1 Comment


Bérengère Lafont
Bérengère Lafont
Feb 14, 2020

On devrait tous faire un stage ouvrier. Bravo ma copine, c’est un beau texte, tendre et instructif.

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