Un des impératifs lorsque l'on prépare le CAP MMVF (bref, un CAP couture) avec le GRETA (du Choletais tout du moins) est de réaliser 2 stages en usine de 4 semaines chacun. L’objectif étant de nous confronter à la réalité de l’entreprise, ce CAP étant normalement destiné aux personnes souhaitant travailler dans des ateliers de confection.
Autant mon statut de couturière amateure-mais-passionnée avait fait que je m'étais très vite acclimatée au rythme de la formation. Rester 7 ou 8 h devant une machine à coudre, apprendre des nouvelles techniques, appréhender les différents types de tissus et travailler sur une collection de vêtements : que demander de plus !
En revanche rien ne me préparait à travailler en usine.
C’est donc avec une appréhension non dissimulée que j’ai pris lundi matin le chemin de l’entreprise qui allait m’accueillir pendant 4 semaines. Cette entreprise est un des nombreux sous-traitants du Choletais qui travaillent pour les différentes marques de luxe français.
Deux peurs me taraudaient, celle d’être cantonnée à des taches rasoirs (mais néanmoins nécessaires), type repassage, couture à la main, piquage d’étiquettes (on revient toujours au Picasso de la couture) et celle qu’on me fasse faire quelque chose qui aurait un impact direct sur le vêtement fini et que je ne sache pas le faire.
Autant vous dire, que j’avais décidé d’avoir peur !
Et je n’ai pas été déçue.
Arrivée à 7h55.
A 8h j’étais devant une machine ou coudre avec une pile de dentelles à coudre. Dentelles qui seraient après assemblées sur des robes d'un très grand, très connu et très cher couturier français.
Ma voisine me montre rapidement ce que je dois faire et, la main tremblante et le pied hésitant, me voilà parti.
D’un côté, je me dis que l’étape ne doit pas être cruciale puisqu’ils me la confient sans même savoir ce que je sais faire (ou pas), d’un autre je vois ladite robe terminée et je constate que la dentelle y occupe une grande place.
Après la série de dentelles, me voilà à assembler les hauts de robes.
Bref, je couds une robe haute couture, et personne ne vérifie directement derrière moi la qualité de mon travail …
Puis mes piles de dentelles et mes hauts de robes passent à ma voisine qui effectue la série d’opérations suivantes. Ne l'ayant pas trop entendu pester (à part une fois, soyons honnête), j’ai donc dû m’en sortir avec les honneurs. Et là, malgré mon manque maladif de confiance en moi, j’exclus le fait qu’elle ait tout simplement été gentille avec moi, car, soyons honnête, l’usine, ce n’est vraiment pas le monde des bisounours !
La semaine a continué à ce rythme. Allant d’une tache à une autre, d’un vêtement à l’autre.
Au final cette semaine j’ai donc cousu (pas entièrement certes mais on va faire comme si) mes premiers vêtements de luxe !
Et même si les probabilités étaient de mon côté je suis heureuse d’avoir survécu à ma première semaine dans la peau d’une piqueuse en confection.
Ah, j'oubliais ; aujourd’hui est arrivée à l’atelier une adorable petite jupe noire (toujours du même couturier, très connu, très cher) qu’il va falloir coudre en une centaine d’exemplaires.
L’occasion de vous raconter dans la deuxième partie de mon post (en ligne très rapidement, promis) comment on passe de l’idée d’un styliste à la commercialisation d’un modèle.
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