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Prendre du temps pour soi

Tel est le thème proposé par Egalimère pour son défi #10dumois d’avril. On peut dire qu’elle a eu le nez fin lorsqu’elle a proposé ce thème en décembre dernier !


L’exercice est intéressant car nous avions tous dans un coin de notre tête une liste interminable de choses que nous ferions si nous avions du temps pour nous.




Vous noterez au passage l’emploi de l’imparfait qui fait dorénavant référence à l’avant confinement. Jadis nous parlions de « avant » et « après » JC, maintenant c’est avant et après le confinement. Et sans vouloir polémiquer, pour le coup il y aura vraiment un avant et un après que personne ne pourra contester.

Donc voilà qu’aujourd’hui nous l’avons ce temps. Pas complètement pour nous, mais nous l’avons. Alors qu’en faisons-nous ?


Trions d’abord nos grandes ambitions – car quand on commence ce genre de liste, on a tendance à penser en grand – par catégories et par leur faisabilité en cette période de confinement :


- Partir marcher sur la grande muraille de Chine.

Il faut avouer que le moment est mal choisi, et pas seulement parce qu’il y fait encore trop froid.

D’un autre côté, ce serait peut-être l’occasion de leur rapporter le petit virus qu’ils nous avaient gentiment prêté en début d’année. C’était gentil, mais finalement on préfère faire sans.

Donc la Chine on oublie.

Et avec la Chine, on oublie à peu près l’ensemble des voyages plus ou moins réalistes qui figuraient sur notre liste.


- Se remettre au sport de façon sérieuse.

Là encore une fois, je ne veux pas faire ma difficile, mais courir 1 heure en ronds concentriques à 1km de chez moi ne favorise pas la reprise du sport.

D’autant plus que, je ne sais pas pour vous, mais moi, à chaque fois que je sors, j’ai l’impression d’être jugée par les quelques personnes que je croise.

Est-ce ce qu’on appelle le phénomène de projection inversée ? Parce que, soyons honnête, moi aussi je juge les gens que je croise … Que fait ce couple d’octogénaires bras dessus, bras dessous à se balader ensemble ? Et lui qui revient du supermarché avec UN pot de confiture et UN paquet de farine. Une envie de crêpe peut être ? Qu’a-t-il coché sur son attestation ? Et cette femme que je croise tous les 2 jours à la boulangerie et qui achète à chaque fois la moitié de la boutique. A-t-elle ouvert un lieu de convivialité clandestin où la distanciation sociale n’existerait plus et où on se gaverait de baguettes, brioches et autres pains spéciaux ?


Donc le sport aussi on oublie.


- De la même manière et en rapport direct avec le point précédent, je vous laisse imaginer que l’objectif de perdre quelques kilos avant l’été n’est pas non plus d’actualité.

J’ai tellement de gâteaux ou desserts différents à faire que je suis obligée de tenir une liste pour être sûre de ne pas en oublier et de ne pas se retrouver avec 2 gâteaux le même jour : charlotte au chocolat, banana bread, pancakes, flan parisien, gâteau au fromage blanc et tant d’autres …


Donc si on sort du confinement à kilo constant ce sera déjà une belle victoire.


- Passer plus de temps avec nos enfants pour leur faire découvrir de nouvelles choses.

Ah tout un programme celui-là ! D’autant plus que, dans un premier temps, on pourrait se dire que c’est faisable puisqu’on est tous confiné ensemble.

Vous avez d’ailleurs vu comme, dès la première semaine, une multitude de programmes culturels ont fleuri dans tous les médias, relayés par l’ensemble des « mamans parfaites » de la blogosphère.

Je me voyais déjà leur faire découvrir l’opéra et le ballet grâce aux spectacles mis en ligne par l’Opéra de Paris, leur faire écouter des podcasts d’histoire et découvrir les classiques du cinéma français.


Mais c’était sans compter sur la continuité pédagogique.

Car pour passer du temps avec mes enfants, j’en passe, mais la majorité de celui-ci est pour essayer de me connecter à Pronote ou à e-Lyco, pour imprimer le fichier de 58 pages envoyé par le professeur d’histoire, pour scanner l'évaluation de musique, pour installer des applications sur mon ordinateur pour comprendre le système respiratoire du porc ou pour designer une maison d’architecte en 3D, pour enregistrer des séquences audio pour la professeur d’anglais, ou pour se connecter la visioconférence ZOOM de la professeur d’italien.


Bilan après plus de 3 semaines de confinement, je ne sais plus trop de quel côté je dois être: du côté des professeurs car il faut avouer que parfois la capacité de concentration de mes enfants n’a d’égale que leur volonté de ranger leur chambre ou du côté de mes enfants car je commence à mieux comprendre ce qu’ils voulaient dire quand ils parlaient de M. Pastrèsclairdanssesattentes ou de Mme Toujoursplusdedevoir.


Je commence d'ailleurs à me demander si être parent-apprenant ne favorisait pas la schizophrénie ou le dédoublement de la personnalité. Je suis sûre que des sociologues se pencheront sur la question à la sortie du confinement.


Bref, à J25 ma fille a déjà avalé 3 saisons et demi de Lucifer, mon fils a accumulé 35 000 trophées Brawl Star et en guise de classique du Cinéma Français on a déjà revu 2 fois la trilogie de Moi, Moche et Méchant.


On est loin des objectifs !


- Pour tout ce qui est rangement, grand ménage de printemps et autres projets de la même catégorie, je n’userais même pas mon clavier pour en parler car ils étaient dans ma liste de « si j’avais du temps » uniquement parce que je savais que je n’en n’aurai jamais.


- On oubliera également tout ce qui nécessite un commerce ouvert de type : coiffeur, esthéticienne, boutique de vêtements, chaussures, sacs à mains etc ..


Alors que reste-t-il dans ma liste pour occuper ce temps qui m’est offert sans que je n’aie eu à le demander ?

Pas grand-chose, car au fond je n’avais jamais cru qu’un jour j’aurais tout ce temps ….


Alors je passe mon temps à penser – au monde, à moi et aux autres. Aux proches, à ceux dont on s’est éloigné, à ceux qui ne sont plus là, à ceux qui sont trop loin, ceux qu’on ne voit pas assez souvent.

A m’informer et à essayer d’aller un peu plus en profondeur dans les informations que je lis ou que j’entends.

A m’étonner de notre capacité de résilience.


Souvenez-vous, c’était il n’y a pas 2 mois quand nous entendions les mesures de confinement prises en Chine.

Pensions-nous, il n’y a pas 8 semaines que ce serait possible chez nous ?

Pensions-nous que nous serions capables de nous couper de la plupart de nos interactions sociales sans pour autant devenir fou (bon, on vire un peu zinzin parfois mais ça reste gérable) ? Pensions-nous que nous accepterions de remplir une attestation pour aller acheter le pain ? de réfléchir à ce qu’il nous reste dans les placards car le prochain créneau du drive n’est pas avant 10 jours …

Et pourtant nous le faisons, nous en sommes capables.


Alors voilà, le temps que j’ai pour moi aujourd’hui, je vais l’utiliser à remercier (aussi) la nature humaine, mon éducation (merci papa, merci maman), mon instruction (merci l’éducation nationale), mon mari, mes amis, mes enfants. Tous ceux et ce qui fait qu’aujourd’hui je suis équipée émotionnellement et intellectuellement pour traverser cette période difficile.

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